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RAY LEMA
Rumba Jazz
République Démocratique du Congo, France, Cuba
Pour ceux qui aiment ranger la musique dans des cases, le plus expérimentateur des musiciens africains est un casse-tête. En 40 ans de carrière, Ray Lema s’est bâti une œuvre à nulle autre pareille où le cosmopolitisme n’est ni un vain mot, ni une posture démagogique, mais un art de vivre et de créer. Formé au Zaïre (ex-Congo Belge et future RDC) à la musique classique européenne, le savant pianiste devenu extra-terrestre de la sono mondiale a toujours été un passeur, du rumba-rock à l’électro, du reggae-funk à l‘opéra, de l’Afrique au reste du monde. Cette fois, Ray Lema revient aux sources vives de son histoire personnelle et musicale, le jazz, musique métissée et collective, un de ses sillons préférés, et la rumba de son pays natal qui a fait danser toute l’Afrique, son héritage.
Distribution :
Ray Lema : claviers, voix
Soliac Matsimba : voix
Ballou Canta : voix
Michel Alibo : basse
Dharil Esso : batterie
Irving Acao : saxophone
Rodriguez Vanguama : guitare
Sylvain Gontard : trompette
Michael Joussein : trombone
Crédit photo © Thomas Freteur
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Tarifs : Plein tarif 16€ / Tarif réduit 1* : 12€ / Tarif réduit 2** : 10€
*Tarif Réduit 1 : +60 ans, carte CEZAM, habitants du 93 sur présentation de justificatifs • ** Tarif Réduit 2 : Pack festival (à partir de 4 concerts), -26 ans, carte IKARIA, étudiants, demandeurs d’emploi, RSA sur présentation de justificatifs.
Pack festival : accès au TR2 à partir de 4 concerts (différents) commandés en même temps.
Ray Lema : Itinéraire d’un “savanturier” musical
Du haut de ses trois quarts de siècle, Ray Lema poursuit avec fidélité son chemin aventureux sur les sentiers de la musique.
Du classique au jazz, des rythmes traditionnels Kongo à ceux des Gnawas en passant par les chœurs Bulgares, l’homme a décidé de faire transpirer tous ceux qui aiment ranger les musiques dans des cases.
Né en 1946 et élevé dans une famille protestante, le garçon veut devenir prêtre catholique. On l’envoie donc au Petit Séminaire près de Kinshasa. C’est là que les pères blancs décèlent ses aptitudes musicales, l’orientent vers le piano et le désignent pour accompagner les messes à l’orgue. La formation est austère, mais solide.
Le Congo accède à l’indépendance et notre organiste a une certaine liberté de penser qui lui fait abandonner le séminaire pour suivre des cours de chimie à l’université. Mais sa flamme pour la science s’étiole et il plaque tout pour la musique. Avec l’orchestre de Gérard Kazembe, il reprend les airs en vogue en Europe et joue du rock avec les Yss Boys, passant pour un original dans cette ville, Kinshasa, où la rumba est reine et possède le monopole de l’ambiance. Mais c’est précisément parce qu’il est un ovni, formé aux rigueurs de Bach et à la composition classique, qu’on lui confie la direction musicale du Ballet National du Zaïre nouvellement créé. Sa mission: arpenter le pays pour y recruter des musiciens, des chanteurs et les faire jouer tous ensemble pour représenter le pays. Dans cet immense territoire qui n’est pas encore une nation, l’affaire est plus complexe qu’il n’y parait. Mais il y découvre l’incroyable diversité musicale de ses concitoyens et la science du rythme qui anime tout un chacun, puisque musique, chant et danse sont dans les villages l’affaire de tous. Cette recherche laissera en lui une profonde empreinte. Son renvoi du Ballet aussi, lorsqu’à la fin des années 70, il refuse de composer un opéra à la gloire de Mobutu, le “roi du Zaïre”. On lui retire alors maison, voiture, orchestre. C’est le moment que choisit la fondation Rockfeller pour lui proposer une bourse et le billet pour Washington qui va avec. Ray s’envole loin du Zaïre, sans savoir qu’il n’y remettra plus les pieds pendant plus de trente ans.
Au pays du jazz, il croise la route de Stewart Copeland, le batteur du groupe The Police qui l’aide à enregistrer son premier disque, Koteja. Mais la vie sur ce pays-continent qui ignore tout du reste du monde ne lui plaît guère. En 1980, il décide de plier bagages et s’envole pour Bruxelles, puis Paris à l’invitation de Jean-François Bizot, patron du magazine Actuel qui le parraine.
Le savant pianiste n’attendait que ça : de nouvelles aventures.
Son premier disque, Kinshasa-Washington DC-Paris (1983), est un audacieux rappel de tous les sons qui l’ont fait jusqu’alors. Deux ans plus tard, il récidive avec Médecine, un album où il se livre, dans un studio transformé en labo, à toutes sortes d’assemblages : synthés, chœurs kongo, rythmiques funky, djembés, le savanturier convoque les forces de l’univers musical avec une foisonnante jubilation. Derrière son clavier, comme un tambourinaire, il continue de s’inspirer des rythmiciens rencontrés au Zaïre. Bandes originales de film (Black Mic Mac), band original éphémère (le Bwana Zoulou Gang) avec Higelin, Bashung, Dibango et Couture… En compagnie ou en solo, Ray Lema multiplie les creations sur scène comme sur disque. Il incarne à lui seul le concept de sono mondiale cher à Bizot, avant que les marketeurs ne le récupèrent pour en faire la world music. Le disque enregistré avec le Professeur Stefanov et ses choeurs bulgares, ou Safi avec les gnawas marocains du groupe Tyour en sont de parfaits exemples.
Le jazz, musique de croisements métissages, demeure l’un de ses meilleurs compagnons. En duo avec Joachim Kühn ou Laurent De Wilde, ou bien avec son quintet, il creuse là aussi son propre sillon, gravé dans la cire de nombreux albums. Du jazz, il défend d’ailleurs une conception « africaine », c’est à dire très collective, et cela se ressent dans le respect qu’il voue aux musiciens qui l’accompagnent. Et quand ils sont nombreux, c’est encore mieux ! A ce titre, rien n’enchante plus le compositeur que la collaboration avec les orchestres classiques. Depuis vingt ans, de la Suède au Brésil en passant par la Chine, il a le bonheur d’être invité par des ensembles qui jouent ses œuvres, en version symphonique !
Mais s’il a beaucoup voyagé et donné des concerts dans le monde entier, Ray Lema n’avait jamais remis les pieds au Zaïre, qui depuis son départ a connu une longue descente aux enfers, et retrouvé son nom de Congo. Pourtant, le pays ne l’a pas quitté. Au piano, il a conservé les astuces rythmiques congolaises, et le goût des sebene, cette phase typique de la rumba qui sert de moteur à la danse, et d’ascenseur pour la transe.
En 2012, la creation Station Congo lui en donne l’occasion. Il renoue, trente-trois ans plus tard, avec l’océan des rythmes de son pays. Ce retour aux sources, il le poursuit en consacrant un magnifique album, Nzimbu, au patrimoine de sa région d’origine (le Kongo central), et puis tout dernièrement (2019), en revenant à Kinshasa pour un hommage à Franco Luambo, patron de l’OK Jazz et monument de la rumba congolaise. Le temps d’un concert magique (disponible sur disque), l’ancien organiste du petit séminaire faisait revivre les grandes heures d’un artiste qui, plus que tout autre, s’était appuyé sur les musiques traditionnelles pour composer LA rumba qui fit danser toute l’Afrique. En un sens, la boucle était bouclée pour celui qui a toujours cherché à réconcilier son héritage congolais avec son éducation occidentale, et à les marier avec les autres cultures. Ray Lema est rentré à Paris comblé. Assis au piano, il travaille à sa prochaine aventure.
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